Les allées sous les bois.

L'homme au chapeau noir s'avançait dans le parc, cet endroit si paisible. Il marchait la tête haute et le regard fier. Il dirigeait sont regard vers les acteurs anodins de cette tendre scène. Que de misérables badauds profitaient du calme des environs !

Il surprit une conversation entre deux femmes qui avançaient en faisant des connivences, l'une d'elle portant une ombrelle. Elle fit tomber son gant. L'homme au chapeau noir s'empressa d'aller le ramasser et lui dit :

"Vous avez de la chance que ce soit moi et non un autre qui ait ramasser ce gant. Et pour me remercier, je vous serais gré de bien me dire de quoi vous parliez vous et votre ... votre ... amie."

Les deux femmes sourirent et étrangement s'enorgueillirent.

"Nous parlions des étranges rumeurs qui circulent en ville. Des créatures bizarres et anormales pulluleraient selon le petit peuple."

Elle gloussa, reprise en choeur par son amie.

"Ces paysans s'effraient du moindre artifice ! Ils racontent que des vampires et des démons hantent les rues, qui des anges volent au dessus de nos têtes, et que des loups humains arpentent nos bois de nuits.

Balivernes !

Assurèment ! Comment des créatures aussi rustres et anormales pourraient ne serait ce qu'oser fouler le même sol que nous !
Oui t as raison, Lise, nous autres les humains sommes les maîtres ici.

Oui Amandine. Et vous monsieur qu'en pensez vous ? Ah ! Mais vous devez penser comme nous. Notre avis est tellement objectif que tous ici doivent penser à l'identique !

Madame. Je vous prie de ne pas m'assimiler à votre ... à vous. Et je n'ai que faire des rumeurs qui amusent les petites poules d'eau telles que vous deux !"

Les deux demoiselles s'offusquèrent, et s'éloignèrent en maugréant.

L'homme s'était installé sur un banc, assis de façon nonchalante. Il observa alentour, puis dit.

"Le bonheur simple de ces gens me dégoûtent. Ce sont des petits insectes qui s'évertuent à rester dans leur boue. Cela va changer !"

Il se hissa sur son banc, puis hurla à la ronde :

"Mesdames et Messieurs, je crois qu'il est temps d'éclaircir certains points !"

Des gens firent un cercle autour de lui, et ce cercle allait grandissant.

" ... N'en avez vous pas assez de vivre ainsi dans la crainte et la terreur ? N'en avez vous pas assez de ces lieux sordides, de ces bouges ignobles qui ternissent l'éclat de notre ville ?"

Un murmure approbatif parcourut l'assistance.

" ... Il faut que vous vous battiez ! Faites éclater votre fierté ! Unissez vous dans l'orgueil que vous plaçez pour votre citoyenneté ! Soyez fiers de votre ville ! Battez vous pour son salut ! ...

Il a raison !

Sus aux ripoux !

Faites que cette ville soit un paradis pour tous et toutes ! Que notre fierté soit récompensée !"

Les gens partirent en débat sur les diverses marches à suivre, puis tombèrent d'accord : il fallait que cela changeât. Et cela allait changer.

Pour célèbrer, car une fête fut instaurée par le petit comité de la vingtaine de personnes présentes, le renouveau de leur ville, ils mirent le feu à un arbre. Celui-ci s'embrasa, et rayonna dans tout le parc. la fumée noire entachait le ciel.
*Avec cet arbre brule leur fierté. Qu'il est jouissif de le sentir à travers chacun d'eux ! Ah ! Mais ça n'est jamais assez ... *

L'incendie s'étalait peu à peu sur quelques arbres, puis certaines personnes eurent la présence d'esprit d'appeler les pompiers. Ceux - ci vinrent promptement.

L'homme en noir partit, laissant derrière lui une foule gonflée d'orgueil dégraissant, et un tas de cendres encore fumantes.

L'homme hurla :

"Allons nous débarasser de cette ignominie de quartier délabré ! Qu'il renaisse grace à nous !


Ouaiiis !"

La foule se déplaca, au milieu d'elle, l'homme en noir ...