première sortie depuis... mmmmm.... longtemps...

Une jeune femme vétue d'un long pull noir à col roulé, d'un jeans troué et affublée d'un chapeau noir et de lunettes de soleil marchait dans la rue, la tête rentrée dans les épaules. Elle ne regardait pas vraiment où elle allait, se dirigeant plus facilement aux sons et aux odeurs.

°si on allait boire un verre, ma beauté? hein... un bon verre de sang humain... mmmmmh... les rats sont devenus tellement méfiants... ils n'approchent plus personne, il ets si difficile de les approcher... si on ne trouve pas d'humain, on peut toujours prendre un chat! mmmmm... oui, un bon chat noir... non... pas de chat, pas de chat... les poils se glissetn sous les dents, c'est tellement dérengeant... plutôt... plutôt... un homme, c'est tellement bon, ça fait tellement longtemps... tu en as tellement envie, ma belle... vas-y...°

La vamps avait prit l'habitude des longs monologues intérieur, n'ayant personne d'autre qu'elle-même avec qui discuter....

Lova Fortemps bifurqua dans une ruelle sombre. Le soleil commençait déjà à la faire souffrir. De nombreuses années de vie nocturne avaient accentué sa répulsion déjà viscérale pour la lumière du jour. Depuis des centaines de mois, des milliers de nuits, elle n’avait pas bu de sang humain. Jamais…
Les petits animaux qu’elle avait pris plaisir à égorger puis à vider de leur sang fuyaient maintenant à son odeur. Même les chiens les plus dociles semblaient devenir fous lorsqu’elle s’approchait.
Depuis maintenant un mois entier, un long mois, Lova ne s’était pas nourrie…
Elle avait faim… Tellement faim…

° Trouvons vite de quoi manger, ma Belle, ma Beauté ! Le soleil est si haut, et nous sommes si fragiles ! La nuit ne viendra pas assez vite… Où sont donc les rats ? Nos petits amis à la queue remuante se cachent… pauvres petites bêtes… Ont-ils peur de toi, ma Belle ? Ils ont tort ! Ils me dégoûtent tant… C’est au tour des hommes, d’avoir peur ! Ouiiii ! Ces hommes qui m’ont tout pris… ces idiots, imbéciles et manipulateurs… Tous, ils disparaîtront ! Le sang d’un enfant est tellement… délicieux… et j’ai faim, tellement faim… nourris-nous, ma Beauté, que nous repartions enfin en chasse dès ce soir !!! … °

Les pensées de Lova continuèrent à tourner ainsi au fond d’elle, dans les moindres recoins de son corps sans vie. Et elle continuait de suivre les ruelles, où des gens sans intérêt et sans odeur la regardaient passer. Elle marchait, au hasard aurait-on pu croire… mais non. Elle suivait une odeur. La délicieuse odeur d’innocence, le parfum que dégage un rassemblement d’enfants… une école ! Il y avait une école, non loin. Avec des enfants au tendre cou, si chaud, si facile à percer, et d’où le sang s’échappait en sauvages bouillons… Le seul problèmes, avec les enfants, c’est que…

° Tu vois, ma beauté, ils sont si petits, si frêles qu’en trois gorgées, leur petit corps se vide déjà, et il faut en trouver un autre… Quelle pitié de ne pas fabriquer les mêmes en grand format ! Dès l’adolescence, ils deviennent trop mûrs. Leur sang ne se glace ni ne s’échauffe aussi vite qu’à l’enfance… Et puis, un enfant en bas âge ne sera jamais souillé par ces drogues et boissons nouvelles, qui détruisent le corps et l’esprit, et avilissent la noble boisson qu’est le sang… Pourquoi ces enfants sont-ils si peu nombreux ? … °

L’école approchait… Lova se lécha les lèvres, salivant à l’orgie qu’elle allait pouvoir commettre enfin… pauvres enfants ! Allaient-ils revoir la pâle lueur de la lune avant de rendre l’âme ? Qui se doutait qu’une vampire assoiffée allait débouler sur l’école, la vider à jamais de ses occupants ?

Arrivée aux abords de l’école, Lova s’assit contre un mur, près de la grille, à l’ombre. Son ventre gargouillait, et son esprit fantasmait déjà sur la musique délicate des pleurs, des cris hystériques et des pitoyables supplications. Elle sentait déjà le délicieux liquide couler dans sa gorge, aussi revigorant et merveilleux que la divine ambroisie, nectar des Dieux…

Lova regardait les gens passer, indifférente. Plusieurs lui jetèrent une pièce, tandis que d’autres poussaient de grands cris indignés…

« Regarde un peu ça ! Même pas trente ans, et déjà à faire la manche ! Et devant une école, en plus ! »

Lova leva les yeux vers la femme. Quelle impudence, quelle stupidité… Un instant, la vampire s’imagina se lever, et lui sauter à la gorge… Projet qu’elle abandonna en grimaçant lorsque la femme sortit une fine cigarette et la porta à ses lèvres avant de s’éloigner.

Enfin… la rue était enfin vide… le soleil se couchait, et les enfants ne sortaient pas de l’école… était-ce réellement une école ? Va-t-en savoir… Sans doutes était-ce plutôt un internat… Ou un orphelinat, ce qui serait encore mieux ! Pas de parents pour porter plaintes, donc moins d’enquête autour de la disparition et de la mort brusque de ces gamins… Magnifique ! La chance lui souriait vraiment. Les seuls bruits parasitant encore l’atmosphère étaient les rires et els cris des enfants, sortant par une des fenêtres du bâtiment.

° Tu vois, ma Beauté… suffisait d’attendre un peu… on va pouvoir manger, enfin, enfin… récupérer nos forces, manger, mordre, boire ! Et puis… chasser ! Chasser les hommes, tuer pour ton plaisir… notre plaisir, le mien ! L’amour des hommes pour la chair d’une femme est aussi fort que le nôtre pour le sang de leur progéniture… Cet amour leur coûtera cher ! Il leur coûtera… LA VIE ! Je les priverais de leur vie, ainsi qu’ils m’ont volé la mienne… Mais allons boire, ma Belle… Nous penserons à la Vendetta plus tard… Nous sommes encore si fragiles… allons, allons boire… °

Tout en pensant, Lova traversait la cours de l’école à pas lent. Tout était enfin clair à ses yeux fait pour l’obscurité. Le soleil se couchait, plus tôt qu’elle ne l’aurait cru. Et surtout, l’odeur restait forte, entêtante, délicieuse…

Lova poussa une porte en silence, et la referma derrière elle, la bloquant ensuite avec une chaise. Seule. Elle était seule au milieu d’un bâtiment plein… Et elle avait faim… Si faim… Lova suivit les couloirs, à la recherche de celui qui aurait l’honneur d’être serré dans ses bras, de lui servir d’otage.

Un peu plus loin, devant une fenêtre, se tenait Luc. Un enfant solitaire et triste. Il regardait à l’extérieur, dans l’attente d’une quelconque distraction, d’un rayon de lune qui changerait de couleur, d’un oiseau nocturne… Que sais-je… Il ne bougeait que rarement de sa fenêtre, et on le laissait tranquille. Il était calme, gentil… Il ne demandait rien d’autre que du silence, et on le lui accordait.

Lova regarda longuement l’enfant. L’amertume du sang d’un solitaire n’était pas pour déplaire à la vorace vampire, mais quelque chose la retint un instant…

Tandis qu’elle restait immobile, le garçon tourna vers elle son regard vide de toute chaleur. Une nuée de souvenirs submergea la vampire, qui poussa un faible cri mêlé de crainte et de colère. Elle attrapa l’enfant, qui se mit à hurler, le leva au dessus de sa tête, et le projeta à travers la fenêtre, avant de sortir par le même moyen. Malheureusement pour lui, l’enfant ne possédait ni la rapidité, ni l’agilité de Lova… Il s’était brisé la colonne vertébrale en tombant sur le dos, et était à l’agonie… Je dirais que c’est une grâce que Lova lui a faite, en l’achevant…

° allons-nous en, ma Beauté… ça devient malsain, par ici… l’orgie se fera plus tard, cet enfant est un braillard, il aura alerté les autres, avec son cri inutile… son sang suffira pour aujourd’hui… partons, partons ma Belle… La chasse n’attend pas ! °

Tandis que deux jeunes femmes accouraient, entouraient le corps de Luc, criaient, appelaient les secours… Une ombre s’enfuyait dans l’obscurité naissante…