Errance

Le vent se mit étrangement à souffler dans une rue...
Et une ombre, gigantesque et constamment mouvante, se mit à la arpenter.... Une forme gracieuse était en l'air, flottante et virevoltante: le fils du vent était revenu....

Il vint se poser au sol, sans un bruit, si ce n'était les cris du faucon qui l'accompagnait... Le visage sérré, les traits empreints d'un doute sans pareille, chose inhabituelle pour le baba, il s'assit, au beau milieu de la rue.

Ses draperies gigantesques se résorbèrent et il apparut enfin, le doublement déchu, jeune éphèbe s'il en était, toujours vétu tel un touareg, le turban bien fiché sur le crane mais le regard vide!!!

Il avait en effet quitté la ville peu de temps aprés que le seul ange sur Terre en soit parti, épuisé et sans plus aucune envie de s'amuser.... Mais cette ville avait du coup été le synonyme de son seul échec, le seul lieu au monde où il avait trouvé l'ennui qu'il fuyait tant!!
Et cela, il ne pouvait l'accepter!!

" Monde de merde !!" Fit-il en crachant et en observant alentour...

"Voilà des paroles peu agréables à entendre ..."

Marie, qui errait, valise à la main, en tentant vainement de suivre le plan photocopié par une harpie de la Mairie, n'avait pu s'empêcher de faire la remarque.

Elle s'inclina devant le jeune homme assis par terre, puis sourit légèrement. Elle n'avait pas voulu paraître méchante ou sarccastique.

"Je vous prie d'excuser mon audace, mais je viens d'arriver en ville, et ... enfin personne n'a daigné encore m'accorder un tantinet d'attention ... Je me demandais si vous pouviez m'indiquer l'adresse des mes nouveaux employés, car je ne comprends rien du tout à ce plan municipal ..."

Elle posa sa valise, et son sourire, bien que naturel, était là pour dissimuler son amertume. Elle ne s'attendait évidement pas à une réponse positive, mais plutôt à une cuisante éconduction. Mais cela, elle avait l'habitude. Désagréablement.

Ismababa leva les yeux et sourit, non pas car il était devant une jeune fille, mais plutot parce qu'il ne l'avait pas senti venir, cette humaine...
Se levant, il adressa une révérence à la demoiselle et la fixa ensuite, sans gêne aucune...
Eclatant alors de rire, et posant un regard rapide vers son faucon, il lui répondit:

" Ne vous excusez pas!! Je déteste l'hypocrisie... Mais dites vous bien que ce qui rend mes paroles désagréables, ce ne sont pas les mots employés, mais bien le fait qu'elles soient vraies... "

La baba plongea alors une main dans ses draperies et en sortit une pipe et ainsi qu'une blague à tabac.
Il la bourra d'un mélange vert et brun que contenait la blague et l'alluma.
Il pouffa et une odeur prenante se fit sentir dans l'air...

" Je suis Ismaël, enchanté, noble et franche personne!!"

Et il s'approcha enfin, tout sourire, puis vint observer le plan.... ou plutot faire semblant, ne cherchant qu'à sentir le parfum de la belle...

" Et quelle est l'adresse.. Je crois pouvoir vous aider...."

"Monsieur, je n'ai pas pour habitude d'être hypocrite. L'hypocrisie est l'arme du lâche, et constitue les larmes du faible. Je ne crois pas être l'un ou l'autre."

Elle ne parut pas gênée outremesure de l'examen visuel auquel semblait s'amuser son vis à vis. Il faut dire qu'être constament fichée devant un jury et des miroirs, cela laisse ses marques. Et la jeune danseuse le savait parfaitement bien.

"Je ne sais si vos paroles sont justifiées, mais je suppose que vous n'avez pas d'intérêt à me mentir non plus ..."

Elle ne s'offensa pas de l'odeur ennivrante du curieux mélange que fumait Ismael. Ses anciens maîtres étaient des amateurs de cigares, et ses narines s'en étaient accomodées.

"Eh bien la demeure que je cherche est ici sur la carte ... C'est là. (elle indique l'adresse du Grenier dont elle ignore qu'il s'agit d'une ruine )"

Relvant la tête pour écpouer sa réponse, Imsa ne put qu'aquiescer;

" Alors je ne vous demanderais qu'une chosen belle enfant: de bien garder en souvenir ces paroles; cultivez-les, et tachez de ne pas vous corrompre!! "

La fixant pour bien insister, Isma replongea alors son regard or sur le plan, faisant mine de réfléchir....
Et la belle, qui ne s'était pas présentée, lui désigna alors le grenier, endroit qu'Isma connaissait un peu, en tant que repaire des lykans!!
Il leva alors sur elle un regard intrigué et ne tenta pas de cacher sa perplexité:

" Mmmh.... Euh... Vous êtes sure?
(...) Et.. hum.. Comment dire?
Serai-t-il trés déplacé de vous demander ce que vous comptez faire là-bas?"

Elle ne comprit pas très bien le sens de la question, mais y répondit, avec une voix douce mais incisive.

"Je suppose que si c'est là la condition pour obtenir ce renseignement ... Eh bien voyez vous je m'appelle Marie Rosenberg, et j'arrive de Salzbourg pour venir travailler ici. Il y a quatre ans j'ai reçu une proposition de contrat en tant que domestique à ce domicile là. Mais étant déjà gouvernante chez une autre famille, et danseuse à l'Opéra de Paris, je ne pouvais décamment pas accepter. Alors j'ai éconduit la demande, mais les propriétaires, qui m'attendent à l'heure qu'il est, m'ont répondu qu'ils m'attendraient."

Elle éclata d'un rire cristallin.

"Comprenez, notre famille est très réputée parmi les domestiques. Même la famille royale anglaise nous envie ... Enfin, tout cela pour dire que maintenant que ma tournée en tant que danseuse est terminée en Europe, et que mon contrat avec l'autre famille est arrivé à sa fin, je suis venu ici dans l'espoir de travailler pour ces propriétaires, dont je dois vous l'avouer je n'ai pas eu de nouvelles depuis maintenant quatre années, et c'est sans les avoir prévenu que j'arrive. Mais ce n'est point ma faute. Ils sont injoignables ... "

Elle rapprocha sa valise de sa jambe, puis, toisant Ismael d'un oeil déterminé, ajouta :

"Je vous serai gré maintenant de me dire pourquoi cela vous interesse tant."

Et ce qu'elle désirait, elle s'arrangeait toujours pour l'obtenir.

Ismaël afficha durant tout ce beau discours un large sourire... Pour elle, il pouvait être incommodant, ironique, mais en fait, le baba appréciait son naturel et son envie de ne pas se laisser marcher sur les pieds...

Quand elle le toisa par contre, le baba ne put s'empecher de montrer une légère indignation... et il haussa bêtement les épaules.
Tirant sur sa pipe deux ou trois fois, le déchu hésitait....

" T'en penses quoi, toi?" Fit-il pour son faucon....

L'oiseau fondit et vint se poser sur la valise de la jeune fille.... Il piailla et vint ensuite voleter jusque son épaule, lui enfoncant un peu ses serres dans la peau ( car le baba ne lui avait jamais appris à ne pas faire mal pour le bien des autres) et entreprit de mordiller l'oreille de la jeune femme.

"Pffff.... C'te question aussi!!
(...)
Ma chère, je ne saurais vous dire qu'une chose: j'ai peur du grand méchant loup!!"

Et lui souriant à nouveau, il prit sa valise et commença à marcher:

" Je vous accompagne... Histoire de... d'être sur que vous ne souffriez d'un ennui mortel.... Allons, belle dame, nous ne sommes pas loin...."

Marie n'en croyait pas ses yeux, ni ses oreilles, et cela était peu dire ! Elle agita sa main pour faire partir ce faucon, mais rien ne semblait y faire.

"Excusez moi, monsieur, mais je vous demanderai de bien vouloir maîtriser votre faucon. Et rendez moi ma valise. Je peux la porter seule. Même si j'apprécie votre compagnie, et votre distinction, je tiens quand même à vous dire qu'il est très rustre de faire de l'humour aussi sordide en présence d'une parfaite inconnue."

Elle s'avança vers lui en essayant de reprendre sa valise.

"Et qu'entendez vous par le grand méchant loup ? Il n'y a plus de loups, ou presque, dans les forêts d'Autriche, alors je me demande quel loup il peut y avoir dans une ville comme celle-ci !"

Son oreille rougissait au fur et à mesure que l'oiseau la mordillait.

"Mais que cet oiseau cesse !"

Nulle colère s'agitait en elle. Juste une incompréhension totale qui provoquait son indisposition.

Un petit sifflement et l'oiseau s'envola, se déposant sur l'épaule de son ami de toujours....
L'oiseau baissait la tête, honteux de ce qu'il venait de provoquer...
Ismaël porta alors sur Marie un regard dur:

" Rassurez-vous, il ne recommencera pas de si tot!! "

Cela avait été dit sur un ton sec, Ismaël n'appréciait pas que l'on ne cherche même pas comprendre ce qu'un aniumal cherchait à faire passer comme message...

Mais aussitot, il se détendit et déposa la valise:

" J'entends par là qu'une femme seule ne doit pas se promener ainsi en cette ville pleine de ce que l'on peut compter de pire chez les humains.... Je m'en voudrais d'apprendre dans le journal de demain que vous futes aggressée... Voilà tout!!
Puis-je vous accompagner, je vous pries? "

Bien sur, le baba mentait, mais comment expliquer à une humaine qu'elle comptait se rendre dans la tanière de loups garous, si le grenier était encore leur tanière bien sur....
Il lui laissait ainsi le choix, vu qu'elle n'aimait visiblement pas être guidée....

"Humpf ! Si vous souhaitez tout savoir, j'ai une peur bleue des rapaces depuis que l'un d'eux a tué un hamster que j'avais étant petite ... Mais cela dit, je les trouve gracieux. Et ne soyez pas si dur avec moi je vous prie ! Votre oiseau n'a qu'à apprendre les bonnes manières avec les demoiselles. Est-ce que je vous mords l'oreille, moi ?"

Elle cessa alors sa vaine tentative de reprendre sa valise.

"Eh bien, portez la si bon vous semble, mais sachez que ce n'est que parceque je n'ai pas envie de batailler pour des broutilles. Alors dois-je entendre par là votre conception sexiste de l'homme vis à vis de la femme ? Hum, je mettrais plutôt cela sur le compte de votre gentillesse. Mais sachez que je peux me défendre toute seule."

Elle eut une petite moue boudeuse, puis marcha à ses côtés.

"Maintenant oui vous pouvez m'accompagner, puisque vous semblez plus entêté que moi. Mais sachez que vous ne me guider pas. Vous m'accompagner parceque je suis contente de pouvoir parler avec quelqu'un."

*Et un homme de sa classe, ça n'est pas commun ... même dans la haute société.*

Ismaël fut ravi de voir que la demoiselle ne s'offusquait pas, bien qu'elle tenait à mettre les points sur les "i".

Tout calmement, il lui répondit quand au faucon:

" Vous vous trompez, ma chère, cet oiseau n'est paés MON faucon, mais un ami, libre et n'appartenant qu'à lui-même...
Ceci dit, je ne vois pas pourquoi ce serait à lui de se plier aux us et coutumes humains plutot que vous de le remercier de vouloir vous protéger........ "

Reprenant donc la valise, Ismaël sourit ensuite quand elle définit e tant que machiste....

" Héhé... Vous n'avez peut-être pas tort.... Mais voyez ça comme de la galanterie, une marque de respect plutot que je-ne-sais quelle sorte de machisme...
Mmmh, je suis parfois bien vieux jeu, je vous l'accorde!! "

Ismaël leva donc le bras, invitant Marie à le prendre, et l'attendit pour se diriger tous deux vers le grenier...

" Et bien tant mieux!! Si nous sommes attaqués, vous me défendrez, car aussi machiste que je sois, je n'ai rien de bien viril, ahahahaha!!
Allons!! "

(hj: poste où tu veux, ici ou au grenier direct.... )

Là, c'en était trop.

"Et vous vous croyez sans doute mieux que les autres ? Vous pensez que parceque vous êtes plutôt marginal et que vous avez une morale affermie vis à vis de votre oiseau, vous pouvez vous permettre de le laisser faire comme bon lui semble sans l'expliquer de prime abord aux inconnues que vous croisez ? Hum !"

Elle prit le bras de son vis à vis, puis avança lestement. Elle avait l'habitude de dissimuler ses émotions derrière un visage inflexiblement souriant.

"Vous n'êtes pas vieux-jeu. Vous êtes courtois. C'est une chose rare et surprenante. Bien. Dirigeons nous, enfin plutôt montrez moi le chemin, s'il vous plait."

Elle rajouta :

"Et dites à cet oiseau de cesser de geindre en silence. Je ne pouvais savoir que les manières polies chez la gente plumée consistaient à mordre l'oreille des personnes qu'on semble apprécier."